Si Mazda est l’un des constructeurs automobiles japonais les plus anciens, c’est aussi l’un des plus innovants. Dès lors que Ford, en proie à des grosses difficultés à la fin des années 2000, a commencé à se désengager de la firme, les dirigeants de Mazda ont su que leur salut viendrait de l’innovation caractéristique de leurs ingénieurs et designers. Désormais indépendant, le constructeur remonte peu à peu la pente depuis 2012 avec l’apparition du design Kodo (sur le crossover CX-5) et des technologies efficientes Skyactiv. Après la réussie Mazda 6, le constructeur a renouvelé sa compacte Mazda 3. Un modèle stratégique puisque pas moins de 3,6 millions de véhicules se sont écoulés depuis la première génération. Autant le dire, la marque a mis tout son savoir-faire dans cette 3ème génération qui sera l’un des piliers de la reconquête européenne. Et la marque a décidé de jouer l’entre-deux : elle s’attaque aux constructeurs généralistes et premium avec un produit qui pioche sur les deux segments. Envie de vous démarquer et de ne pas rouler dans la voiture de Monsieur Tout le Monde? Encore faut-il que cette Mazda 3 ait les qualités pour nous convaincre d’aller au-delà des conventions comme nous interpelle sa publicité. On a passé 4 jours en sa compagnie pour vérifier. Verdict…
Qui a dit qu’il fallait suivre les conventions?
Pas facile pour Mazda d’exister sur le marché français, l’un des plus compliqués d’Europe. Néanmoins, le segment des compactes est hautement stratégique et c’est pourquoi la marque ne peut pas se passer de communiquer sur la Mazda 3 qui a été, pendant longtemps, son modèle le plus vendu chez nous. La nouvelle mouture doit fortement contribuer à la relance du constructeur sur notre marché. Pour cela, Mazda a choisi un message publicitaire fort en mettant en scène des sportifs et des artistes qui ne font pas les choses comme tout le monde.
Et c’est comme cela qu’ils ont pu, à leur façon, se distinguer dans leur domaine. Pour la Mazda 3, c’est pareil : sa ligne, plus latine que japonaise, est un véritable argument que Mazda a su mettre en avant. Autre atout, la technologie SkyActiv… De quoi vous convaincre d’aller au-delà des conventions? Essayons-la pour voir!
Design conventionnel?
Pas le moins du monde! Si l’on a souvent reproché aux constructeurs japonais des voitures passe-partout, ça n’est pas le cas de Mazda. La voiture reprend à son compte le design “Kodo” –l’âme du mouvement– inauguré par le crossover Mazda CX-5 et la berline Mazda 6. La face avant, très expressive, s’inspire d’ailleurs fortement de sa grande soeur. Le jonc chromé de la calandre vient par ailleurs surligner le regard des phares et des feux de jour à LED lui font échos. De profil, la Mazda 3 laissent s’entremêler des lignes acérées et des courbes plus douces de manière à donner l’impression que la voiture est en mouvement même à l’arrêt. On apprécie particulièrement le galbe des ailes qui humanisent presque le dessin tandis qu’à l’arrière, la 3 adopte des feux fins (à LED également), une petite lunette arrière surmontée d’un becquet et deux sorties d’échappement chromés.
Bref, un design très latin qui m’aura au moins autant interpellé que les passants si j’en juge les nombreux regards qui se sont posés sur la belle durant ces quelques jours d’essais. Seul un détail qui compte beaucoup à mes yeux mériteraient un peu plus d’attention : le dessin des jantes alliages, somme toute très classique. Avec une telle ligne, on aurait apprécié des jantes plus originales (bicolores?) pour viser la perfection…
Kodo dehors, cocon dedans?
Si on apprécie tous une belle voiture, gardons à l’esprit que c’est avant tout à l’intérieur qu’on passe du temps. Et les habitables japonais ne sont généralement pas non plus des plus originaux. Encore un cliché que la Mazda 3 fait voler en éclats! Sportive à l’extérieur, l’habitacle est au diapason. Jugez plutôt :
Bienvenue à bord du poste de pilotage! Car c’est dans une ambiance sportive et élégante que nous plonge cette Mazda 3. Qui plus est car, les sièges, bas, nous donnent l’impression d’être très proche du sol. Face à nous, le tableau de bord, coloré de rouge et blanc, annonce également la couleur. Il se double par ailleurs d’une lame qui fait office d’affichage tête haute –dont par contre les caractères bleus/verts font vieillots!– en reprenant les informations essentielles telles que la vitesse ou le guidage de la navigation. La Mazda 3 cède également au grand écran de commandes. Non tactile mais très intuitif, ce dernier se commande via une molette sur la console centrale à l’image de l’iDrive de BMW. Cet écran 7 pouces surplombe une planche de bord plutôt épurée qui reprend également des touches d’aluminium et de laque noire piano comme c’est également la tendance du moment. Dans cet habitable sportif, on regrettera seulement que, la nuit, quelques lumières d’ambiance n’agrémentent pas le tout.
Pour le reste, c’est bien fini et les matériaux sont de qualité même si on déplorera encore la prépondérance de plastiques durs. D’ailleurs, vous reposerez rarement votre bras sur l’accoudoir central tant il est dur! On a manqué de mousse pour le rembourrage chez Mazda semble-t-il! En même temps, on préfèrera garder les mains sur le petit volant trois branches dont la prise en main est excellente! Question équipements de confort, la Mazda 3 fait le plein. Déjà richement dotée en entrée de gamme, elle devient opulente dans cette finition milieu de gamme Dynamique qui équipe notre modèle d’essai : GPS, aide au stationnement, ouverture/fermeture des portes intelligente, clim auto, sièges chauffants etc… Que demander de plus? Question habitabilité, il y a de la place pour tous et le coffre est volumineux avec 364 litres.
Vroum Vroum…euh Zoom-Zoom!
Ligne et ambiance sportives, il est donc temps de prendre la route! Notre périple du week-end prévoyait de mixer tous les parcours. Un peu de route et de ville avant une grande portion d’autoroute pour ensuite retrouver la campagne. Voilà qui doit permettre de tester la motorisation diesel 2.2 Skyactiv-D de 150 ch. J’imagine vos têtes à la lecture de cette dernière phrase. Un 2.2 diesel à l’heure du downsizing? Ca sent la motorisation archaïque ça… Et bien non, c’est tout le contraire! Les ingénieurs Mazda ont conçu un moteur dernier cri dont les caractéristiques vont en épater plus d’un. Il est d’ailleurs d’ores et déjà conforme aux normes Euro 6 et affiche des émissions de CO2 de seulement 107g/km! Ils ont fait le choix de conserver une cylindrée importante qui profite au couple (380 nm à 1800 tr/min!). Alléchant sur le papier, il se révèle également fort convaincant sur la route. Il répond à la moindre sollicitation sur la pédale d’accélérateur. Souple et performant, il est en outre très discret.
Repris de la Mazda 6, le châssis SkyActiv est également à la hauteur. Sûr et joueur, il correspond bien à la philosophie de la voiture. Les liaisons au sol sont soignées et même avec des jantes de 18 pouces, la Mazda 3 préserve le confort de ses passagers, même si ça reste un peu ferme. Cependant, on ne peut s’empêcher d’entendre les bruits de roulement. Pas impossible que la monte pneumatique y soit pour quelquechose… Derrière le volant, on apprécie la réactivité de la direction, précise, mais aussi qu’elle soit communicante avec son conducteur. Sur autoroute, le véhicule est agréable à mener et les nombreuses aides à la conduite (détecteur angle mort, alerte véhicule en approche,…) vous aideront à anticiper les -mauvais- comportements des autres automobilistes. Un tableau idyllique donc? Pas tout à fait. Car c’est en ville que la Mazda 3 sera moins agréable à mener. Grande pour la catégorie -4,46m- la 3 se montre bien moins agile dans les centres urbains, notamment en manoeuvre. La visibilité vers l’arrière pâtit également de l’étroite lunette. Détecteur d’angle mort et aides au stationnement -en série- seront vos meilleurs amis! C’est donc sur la route que la voiture donne le meilleur d’elle-même. Elle enchaine les lacets avec brio et le moteur répond toujours présent sans avoir sans cesse à rétrograder. Ce qui n’est d’ailleurs pas gênant car la boite de vitesses est bien étagée! Enfin, dernier bon point, la consommation : si elle est homologuée pour 4,1l/100km, notre moyenne tout au long du séjour s’est établie aux alentours de 6l/100. Une belle sobriété pour un diesel de cette puissante!
Le verdict :
Pari réussi pour la nouvelle compacte de Mazda! On ne peut que vous conseiller d’oser aller au-delà des conventions pour la découvrir. Racée, dynamique, bien équipée et plutôt respectueuse de l’environnement, cette nouvelle mouture se montre convaincante. Bien entendu, elle s’adresse à une clientèle qui a envie de se démarquer en ne roulant pas au volant de la Mégane Dci grise de Monsieur Tout le Monde! Bien entendu, cette Mazda n’est pas exempte de défaut, à commencer par un confort ferme, une visibilité très moyenne, un réseau de distributeurs et réparateurs plutôt clairsemé sur le territoire et un prix corsé. Son positionnement tarifaire pourra bien entendu en freiner plus d’un. Car si vous craquez sur sa ligne, il faudra, en diesel, débourser pas moins de 27 300€! Une somme qu’il convient de relativiser. Elle se montre ainsi moins chère qu’une Peugeot 308 BlueHDi 150ch (28 450€) certes très bien équipée et encore plus douée sur la route mais aussi bien plus “commune” ou encore qu’une Audi A3 TDi 150 qui, pour 28 000€ n’offre qu’une finition d’entrée de gamme face à une Mazda toute équipée ou presque!Certes, en France, elle n’a ni l’image de la première, ni encore moins de la seconde. Mais son positionnement à cheval entre les constructeurs généralistes et les premium lui offrent une belle carte à jouer! Et pour les plus patients, une version moins puissante (et donc moins chère) verra le jour en fin d’année.
Les + : style réussi, ambiance sportive à bord, motorisation performante et efficiente, tenue de route sûre et dynamique, équipements de série…
Les – : … mais prix moins compétitif que par le passé, intérieur austère, confort un peu ferme, visibilité.
Modèle essayé : Mazda 3 2.2l SkyActiv-D 150 ch Dynamique avec option peinture métal : 29 600€
NB : contrairement à d’habitude, les photos qui agrémentent cet essai ne sont pas maison mais fournies par Mazda. En cause, le mauvais temps qu’il a fait durant tout l’essai!
Remerciements à Marie de Mauduit et Guillaume Masset pour le prêt et leur disponibilité.
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