Après presque une semaine de teasing et profitant de la COP21 qui se déroule actuellement à Paris, Citroën dévoile, après les C-Zero et Berlingo électrique, le 3ème véhicule électrique de sa gamme avec la E-MEHARI. Entre contraintes production et volontés marketing, ce véhicule pose question. Décryptage.
Teasers or not teasers?
La campagne de teasing commencée il y a un peu plus d’une semaine a été plutôt bien menée par les équipes des chevrons. On ne s’attendait pas à ce que Citroën dévoile un modèle inédit. Mais l’occasion de la COP21 était trop belle pour le constructeur qui a su s’y engouffrer et susciter ainsi la curiosité du monde automobile alors même que les nouveautés sont peu nombreuses en cette fin d’année et que tous les regards sont plutôt tournés vers la nouvelle Renault Mégane. Les teasers ont dévoilé peu à peu des brides d’informations sur cet électron libre, jeu de mot bien choisi pour un véhicule électrique… mais également un véhicule qui jouera un peu aussi ce rôle dans la gamme du constructeur tel un OVNI !
Un recarrossage inattendu et plutôt réussi…
Le petit monde de l’automobile savait bien que la Bolloré BlueSummer allait être fabriquée par PSA. Ceci avait été communiqué il y a quelques mois lors de l’annonce d’un partenariat entre les deux groupes industriels. D’ailleurs en juin, quand nous avions visité l’usine de Sevelnord avec PSA, le directeur industriel du groupe Yann Vincent avait été clair sur ce partenariat, nous indiquant l’intérêt de PSA pour la technologie électrique de Bolloré et la fabrication d’un modèle commun à Rennes. Quelques semaines plus tard, un communiqué officialisait la distribution de la BlueSummer dans le réseau Citroën, ce qui n’avait pas tardé à faire réagir plutôt négativement sur les réseaux sociaux et les forums chevronnés…
La découverte de l’E-MEHARI est donc plutôt une bonne surprise car on découvre un véhicule qui, esthétiquement, n’a plus grand chose à voir avec la BlueSummer même si on en reconnait tout de même la base et l’allure générale. La voiture reprend les codes esthétiques des dernières productions de Citroën, C4 Cactus en tête. Et il faut le reconnaitre, à l’extérieur, l’ensemble présente bien et a plutôt fière allure si tenté qu’on replace bien ce véhicule à sa place d’électron libre dans la gamme du constructeur…
Une vraie MEHARI?
Citroën justifie la reprise du nom MEHARI par quelques fondamentaux du modèle initial repris dans ce nouveau véhicule. Une carrosserie thermoformée insensible aux chocs, une garde au sol surélevée mais aussi le fait que le véhicule soit un cabriolet 4 places facile d’usage puisque l’intérieur est lavable. Le véhicule se veut également basique (pas de technologie ou presque), pratique et fun d’esprit avec ses intérieurs/extérieurs colorés dont un beige qui rappelle l’aînée! Citroën justifie également la reprise du nom MEHARI en désignant son modèle comme “it car” et assume le fait de ne pas avoir repris le look de l’ancienne mais voulant ré-interpréter la MEHARI avec les codes du 21ème siècle, à commencer par sa motorisation électrique bien dans son époque. C’est plutôt bien vu également!
Le cabriolet parfait?
Le portrait parait idyllique. Pourtant, la E-MEHARI, avoue ses limites. Sa charge d’abord car adoptant le principe des BlueCar, elle doit être branchée constamment pour ne pas perdre la charge. Et son autonomie limitée (100 km en extra-urbain, 200 km en urbain) la placera plutôt en ville qu’à la campagne ou en bord de mer… Cabriolet et ville? Deux termes pas vraiment “amis” de prime abord… Par ailleurs, la durée de charge (13h sur une prise domestique) la limite là encore dans son utilisation. De même que son aspect basique la placera comme 2ème voire 3ème voiture du foyer… au mieux. Tout comme son prix, vraisemblablement supérieur à 20 000 euros, la placera en tête de shopping list des bobos à tendance écolo plutôt que de la clientèle populaire de Citroën et de la MEHARI première du nom… même s’il faudra certainement déduire le bonus écologique. Et si les chevrons ont habilement redessiné l’extérieur, l’intérieur présente moins bien avec son aspect basique, plutôt mal fini et les nombreux éléments repris de la BlueCar et donc d’anciens modèles… Fiat….
MEHARI ou pas?
Fallait-il reprendre le nom de cette mythique Citroën? La question reste posée. Et je n’y apporterai pas vraiment de réponse…. A vrai dire, j’ai du mal à me faire un avis… De manière assez logique, les puristes crient au scandale tandis que sur les forums et réseaux sociaux, les gens moins “addict” aux chevrons semblent apprécier la reprise de ce nom au mieux… au pire, ne font pas plus le lien que ça. Et si finalement, Citroën avait raison de ressortir ce nom de la naphtaline pour tenter de le remettre au goût du jour avec au final, une vision moderne de ce que pourrait être la MEHARI du 21ème siècle? En fait, là où le bas blesse, c’est de reprendre cette appellation qui raisonne encore si fort pour un véhicule certes plutôt bien re-carrossé… mais qui n’en reste pas moins qu’une BlueSummer et non pas une création 100% Citroën…et alors même que l’impatience commence à poindre sur les nouveautés de la marque et que les questions sur son avenir se posent de plus en plus, notamment quand on observe le succès mitigé de C4 Cactus…
L’Avis du Marketeur :
Alors, faut-il, faut-il pas cette E-MEHARI? D’abord, on saluera la communication fun, colorée et soignée qui est mise en place, c’est vraiment réussi! Pour le reste, on savait déjà qu’un partenariat allait naître entre PSA et Bolloré. Il fallait alors le concrétiser et il était peu probable de voir un modèle arriver sous les marques Peugeot ou DS… Le choix de Citroën est donc un peu un choix par défaut afin que PSA puisse collaborer et développer, dans le futur, ses technologies électriques avec Bolloré. A défaut de réelle nouveauté, les équipes des chevrons ont plutôt bien travaillé pour intégrer le véhicule à leur gamme. Un nouveau nom aurait eu un coût inutile pour un modèle dont la production sera très limitée (maximum 3500 exemplaires par an). Alors on comprend la reprise du nom MEHARI, devenu E-MEHARI afin de s’adapter au cahier des charges. Gageons que ce modèle servira avant tout la nouvelle image -toujours un peu floue- du constructeur plutôt que ses volumes, tout comme l’a reconnu d’ailleurs Xavier Peugeot, patron du produit du constructeur.
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