Le coupé Peugeot RCZ, c’est d’abord un concept car que Peugeot a eu la bonne idée de faire descendre dans la rue. Commercialisé en 2010, le modèle a subi une profonde évolution esthétique fin 2013 afin d’adopter la nouvelle identité stylistique de la marque. Ainsi, alors même que le sigle GTi a refait son apparition sur la 208 et que plusieurs modèles de la gamme se voient affubler d’une appellation GT, Peugeot a lancé au printemps dernier la RCZ R, version ultime de ce coupé pour une production limitée de 1000 exemplaires par an. Si RCZ R est le modèle de série le plus puissant jamais commercialisé par la marque au Lion, Peugeot le positionne comme une sportive polyvalente. On a passé quelques jours à son volant pour le vérifier. Le verdict.
Pure Emotional Power…
L’émotion et le plaisir au quotidien. Tel est le leitmotiv revendiqué par Peugeot pour son RCZ R. C’est d’ailleurs ce que présente plutôt habilement le film publicitaire du modèle. On y découvre ainsi RCZ R sur circuit. Après quelques tours de roue montrant l’agilité et les performances du véhicule, retour aux stands pour la RCZ R. Changement de décor puisque son conducteur se retrouve alors dans la vie de tous les jours et descend du véhicule revêtu d’un costume. Une manière d’insister sur le côté Gentleman Driver du conducteur de RCZ R qui pourra conduire son véhicule au quotidien en éprouvant le plaisir du circuit à son volant. Bien vu!
Au-delà de ce film, Peugeot a aussi misé sur des expériences virales sur les réseaux sociaux avec des courtes vidéos mettant en avant la performance du 0 à 100 km/h réalisé en 5,9s par RCZ R. Que peut-on faire en 5,9s? Exemples avec les #RCZRExperience qui font le parallèle entre la voiture et une autre situation :
Emotion au premier coup d’oeil…
La ligne du RCZ est une réussite esthétique incontestable. Car les designers de Peugeot ont réussi à faire fi des contraintes de production pour conserver les lignes du concept car, à commencer par le magnifique toit bosselé qui, sur cette version R, peut se conjuguer avec des arches noires et du carbone. A la ligne réussie du RCZ, la version R ajoute un aileron arrière fixe plus imposant, une assiette abaissée de 10 mm, des voies élargies, des jantes bicolores de 19 pouces inédites ou encore un diffuseur avec une double sortie d’échappements. La nouvelle calandre flottante apparue au restylage apprivoise un petit “R” qui s’affiche discrètement à plusieurs endroits de la carrosserie.
Autre détail, les étriers de frein rouges portent le seau de Peugeot Sport. Comprenez par là que c’est bien le département sportif de Peugeot qui a travaillé sur cette version ultime. RCZ R ne donne pas dans le m’as-tu ou le “tuning” de mauvais goût. Non, Peugeot retouche subtilement la magnifique ligne du RCZ R. Dans cette robe rouge erythrée, notre RCZ R affiche un pouvoir de séduction extrêmement fort. Pour son conducteur d’abord comme j’ai pu l’être pendant quelques jours. Pour les autres aussi qui se retournent sur son passage. Bref, RCZ R plaît! On pourrait contempler sa ligne encore longtemps mais on sait que le plaisir sera encore plus intense à son volant… Montons à bord!
Sport Chic!
En bon coupé, la portière de RCZ R n’a pas de montant. Pourtant, celle-ci demeure lourde à l’ouverture, comme si pénétrer à l’intérieur se méritait. De bon augure pour la qualité de fabrication cependant.
En descendant à bord, on constate une nouvelle fois que Peugeot a distillé son “R” un peu partout dans l’habitacle afin de marquer la différence de cette version face au reste de la gamme RCZ. Du seuil de porte au siège baquet spécifique en passant par le volant à méplat frappé ou le levier de vitesses, le “R” est partout. Y compris sur une plaque spécifique en métal fixée entre les deux sièges. Si le RCZ R reprend à quelques détails près la planche de bord de la 308 ancienne génération, Peugeot a eu la bonne idée de la recouvrir de cuir avec de magnifiques surpiqures rouges qui court tout le long et qui font un rappel aux aux baquets. L’atmosphère est à la fois luxueuse avec notamment un ciel de pavillon noir et sportive puisque dès lors qu’on pose les mains sur le volant et les pieds sur les pédales en alu, on a qu’une envie… démarrer! RCZ R ne sera pas un plaisir égoïste car même si les places arrières sont plus là pour accueillir des bagages que des personne -seul un enfant pourra y prendre place- l’habitabilité pour les passagers avants est bonne et le coffre, de 384 litres, permettra sans problème d’accueillir des bagages. La preuve par le test…
Question équipements, RCZ R fait le plein (GPS, sièges baquets, clim auto,…) même si les gadgets désormais à la mode tels que le park assist ou encore l’alerte de franchissement de ligne ne sont pas présents. Et honnêtement, ça n’est pas bien grave! On déplorera simplement l’instrumentation un peu trop simpliste, le système multimédia qui trahit l’âge de conception du véhicule ou encore quelques détails manquants de soin tels que l’éclairage intérieur -pourquoi ce vieil orange???- ou encore, et c’est récurrent chez Peugeot, une clé de contact affreuse qui dénote vraiment avec l’ambiance luxueuse du véhicule et son tarif… Vraiment, on ne comprend pas pourquoi la marque ne change pas cette clé qui est pourtant le premier contact du conducteur avec l’auto!
En piste!
En tournant la clé, un bruit sourd retentit… Un THP avec une sonorité grave, c’est une première. Car le moteur du RCZ R est bien connu chez Peugeot. Il n’est autre que le 1.6 qui équipe les 208 GTi ou encore RCZ 200. Sauf qu’ici, il a été retravaillé par Peugeot Sport pour développer… 270 ch! Je ne peux m’empêcher d’appuyer un peu sur l’accélérateur pour entendre le son du moteur commencer à vrombir… Clairement, l’échappement a été travaillé afin que la sonorité évoque la puissance qu’il y a sous le capot même si RCZ R se dote aussi d’un amplificateur de bruit couplé à son système audio.
En dessous des 3000 tr/min, le moteur du RCZ R se montre très docile. Il relance biensûr immédiatement mais avec une réelle progressivité. Il est vrai que les 330 Nm de couple sont disponibles dès 1950 tr/min. En quittant l’avenue de la Grande Armée où je suis allé chercher cette RCZ R, le véhicule se comporte très bien dans la circulation urbaine. Bien entendu, on ne s’attardera pas ici sur la visibilité arrière ou autre. Mais on aura tout de même tester un créneau avec cette RCZ R et la taille contenue du véhicule -4m28- alliée aux radars avants et arrières permettent de manoeuvrer facilement. Bien, mais il est temps de prendre la route pour apprécier réellement les qualités dynamiques -qui a dit sportives?- de cette Peugeot…
Et c’est en montant dans les tours que le RCZ R exprime toute sa voix et sa puissance. Passés les 6000 tr/mn, le moteur rugit et le véhicule réagit immédiatement. Pas besoin de cravacher pour qu’il relance -merci le turbo- mais on ne peut qu’en avoir envie afin que la bête s’exprime librement! Bien entendu, on ne conduit pas un coupé sportif de 270 ch comme une citadine. Le RCZ R affiche une conduite un peu plus viril avec une direction lourde et des remontées de couple lorsqu’on appuie fort sur l’accélérateur. Néanmoins, les ingénieurs ont fait un travail remarquable et le différentiel auto-bloquant assure parfaitement son rôle en maintenant une excellente adhérence malgré la puissance envoyée sur les seules roues avants. Les remontées d’informations et de sensations sont précises et on a l’impression de faire corps avec la voiture. Le ressenti, ou “toucher de route” cher à Peugeot est bien présent. Jamais le conducteur n’a l’impression d’être pris en défaut par sa monture. Dès lors, il est temps de pousser en emmenant RCZ R sur des petites routes de campagne qui permettent d’exploiter au mieux son châssis sans pour autant vouloir exploser le compteur de vitesse.
Civilisé à faible allure, le RCZ R devient plus bestial dans les tours et l’on enchaine les rapports de boite sans jamais que le moteur ne se laisse un instant de répit. La voiture pousse fort et reprend haut tandis que la boite de vitesses se montre directe et agréable même si les verrouillages mériteraient d’être peaufinés (notamment entre 3ème et 4ème). Question tenue de route, Peugeot sait faire et ce, depuis des décennies. On aurait pu craindre qu’avec une telle puissance et seulement deux roues motrices, quelques frayeurs soient envisageables. Que nenni! La RCZ R est rivée au sol et même sans l’appui du correcteur de trajectoire ESP -par ailleurs très discret, un souhait de Peugeot Sport-, impossible de la prendre en défaut. La voiture enchaine les courbes à une allure impressionnante sans broncher et un petit sourire se colle à vos lèvres sans jamais pouvoir s’en défaire. Peu à peu, on apprivoise le véhicule et on cherche à aller encore plus loin. Mais la précision de l’ensemble fait montre d’une facilité déconcertante. N’allez pas croire pour autant que vous avez affaire à une voiture aseptisée. Non, la RCZ R fait corps avec son conducteur et propose des performances de premier plan tout en préservant un confort ferme mais pas désagréable. Durant notre périple, pas le temps d’emmener RCZ R se dégourdir sur circuit. Mais les performances annoncées par Peugeot -0 à 100 km/h en 5,9s et vitesse max de 250 km/h limitée électroniquement- semblent bel et bien au rendez-vous!
Qui dit sportive dit freinage. Et là aussi, Peugeot a fait du bon boulot. Ca freine fort et il faut bien ça pour stopper les 1280 kg du véhicule lancés à toute allure. On sera par contre un peu plus circonspect quand à leur endurance car notre modèle d’essai affichait près de 10 000 km au compteur et s’il n’a sûrement pas été ménagé -ni par moi, ni par les précédents-, les freins montraient leurs premiers signes de faiblesse… Rien de bien dramatique cependant, les véhicules presse étant généralement particulièrement maltraités par leurs essayeurs. En tout cas, pas de quoi m’empêcher de tester cette RCZ R jusqu’au bout de la nuit…
Exclusivité financière?
Bien entendu, le coupé RCZ R n’est pas à la portée de tous, financièrement parlant, puisque son prix d’appel s’affiche à partir de 43 350€. Pas hors de prix au final car outre son excellent moteur, RCZ R est parfaitement équipé et ménage un petit malus de 500€ en émettant seulement 145 g de CO2 par km. Durant notre essai, l’ordinateur aura affiché une consommation moyenne de 12,8l/100, une valeur raisonnable dans l’absolu pour cette catégorie. Parlons d’ailleurs de la concurrence que sont les Porsche Cayman, Audi TT ou encore VW Scirocco R, tous un peu plus chers. La RCZ R n’a donc pas à rougir…
Le verdict :
Alors cette Peugeot RCZ R, provoque-t-elle l’émotion quotidienne annoncée par Peugeot? Assurément! La RCZ avait déjà pour elle sa ligne et un comportement routier hors pair. Mais la version 200 ch manquait tout de même un peu de piquant pour les vraies amateurs de conduite. En ajoutant un R, les équipes de Peugeot Sport ont su perfectionner la recette et offrir à cette RCZ R une saveur bien à elle. Le ramage est désormais parfaitement à la hauteur du plumage. Beau, efficace, performant et bien équipé, ce coupé RCZ R devient particulièrement séduisant. Il synthétise par ailleurs bien la montée en gamme de la marque au Lion et son nouveau positionnement de constructeur généraliste dynamique et élégant. RCZ R a bien entendu quelques défauts comme une présentation intérieure désormais un peu vieillotte, l’absence de quelques gadgets électroniques à la mode ou encore, sur le plan technique, d’une boite de vitesses et d’un freinage qui gagneraient encore à être perfectionnés. Mais ce n’est rien comparé au double plaisir que ce véhicule procure : celui de l’admirer d’abord, de le conduire ensuite. En rendant les clés de RCZ R, je n’ai pu m’empêcher de penser au slogan qu’avait choisi Peugeot pour le lancement du véhicule : “Vous l’achetez. Mais c’est elle qui vous possède”… En tout cas, voilà un modèle qui pourrait bien rejoindre très vite ma shopping list tant je me suis plu à être un gentleman driver…
Les + : ligne magnifique, plaisir de conduite, châssis exceptionnel, moteur/performances, polyvalence, présentation soignée…
Les – : … mais un peu vieillotte, boite de vitesses accrocheuse, détails de finition et présentation (clé, éclairage intérieur daté,…)
Modèle essayé : Peugeot RCZ R Rouge Erythée avec options (toit carbone, aides au stationnement, audio JBL) : 46 260€.
Remerciements à Anthony Roux ainsi qu’à l’équipe presse de Peugeot pour cet agréable prêt!
Merci pour cet essai, très complet et intéressant à lire. Votre article s’accorde avec la majorité des autres essais qui font des éloges à ce joli coupé Peugeot. Malheureusement, pour l’acheter, il faudrait pouvoir l’essayer. Et ça n’est pas gagné! 4 concessions Peugeot visitées et 4 concessions qui n’ont pas le véhicule à l’essai et qui proposent au mieux d’essayer une version mazout… Chez Audi, un coup de fil aura suffi pour qu’on me propose d’essayer le nouveau TT essence. Bien sûr, je ne dis pas que Peugeot doit se mettre au niveau d’Audi, la clientèle n’est pas la même. Encore que, pour ce genre de véhicules, si. J’imagine bien qu’avoir un tel véhicule à l’essai va attirer beaucoup de “kékés” dans les concessions et donc que les marques hésitent. Toujours est-il que, et je ne pense pas être le seul, je ne mettrai pas 45 000 euros dans une auto sans l’avoir essayée. Peugeot veut monter en gamme, soit. Mais il va falloir alors que son réseau se mette à la page. On ne vend pas des RCZ R de la même façon que des 108!
Bonjour,
c’est un des rares modèles pour lesquels les concessionnaires n’ont pas d’obligation …(1000 voitures /an pour le monde ….) ceux qui l’ont réservent l’essai à leurs clients fidèles . même en roulant en RCZ j’ai eu toutes les peines du monde à dans un premier temps me faire ouvrir le véhicule … cela n’a pas suffit à m’arrêter, à force de persévérer j’ai pu l’essayer . j’ai maintenant le plaisir de rouler en RCZ-R le reportage ci-dessus retranscrit bien le plaisir que l’on a ,d’abord à la regarder, à l’entendre , et surtout à être derrière son volant à profiter de son toucher de route …pour ceux qui cherchent du hi-tech passez votre chemin. le comble ? je l’ai fait essayer à un commercial de chez Peugeot qui ne l’avait jamais vue autrement qu’en photo …
Trop bien la RCZ R! Vous avez de la chance de pouvoir l’essayer <3